Lawrence d’Arabie – Mois Molière / Théâtres des Halles

Eric Bouvron est un habitué des tréteaux de Versailles. Une fois de plus, le rendez-vous du mois Molière annonce le succès que rencontrera sans aucun doute la pièce à Avignon : après Zorba (2018), place à T.E. Lawrence !

Lawrence d’Arabie, c’est l’histoire de ce jeune archéologue dépêché par l’armée britannique dans la péninsule du Sinaï pendant la première guerre mondiale. Né loyal, Lawrence sera à son insu l’un des protagonistes de la révolte menant les arabes vers l’espoir de la création d’une nation Arabe indépendante. La politique broyant les hommes, cet espoir sera réduit à néant et le partage des terres se fera entre gouvernements français et anglais ayant secrètement signé l’accord Sykes-Picot.

Sauf un léger manque de références historiques pouvant entraîner une gymnastique de l’esprit, tout est vif et limpide. Le fil narratif se déploie et les quelques accessoires soigneusement choisis nous transportent d’un lieu à l’autre.

Certains metteurs en scène acquièrent en effet une patte, une signature : Eric Bouvron est de ceux-là.

On retrouve quelques constantes qui lui sont chères : adaptation théâtrale du récit d’un ailleurs, choix d’un personnage “de légende”, mise en scène dans un espace vide propice à l’épopée, apparition d’un « animal » cocasse (après le perroquet et le cochon dans « Zorba » : le chameau !).

Dans ce théâtre résolument visuel, que quelques éléments de lumières et de décor (tapis, costumes et accessoires) suffisent à évoquer, des tableaux orientaux se dessinent et s’enchainent comme des diapositives sur une scène dépouillée. C’est visuellement très beau, très construit et plastique.

Nous voilà transportés dans le désert d’Arabie avec ce si peu de chose qui sert à créer des univers entiers, paysage de sable et de désert. C’est un émerveillement, un voyage. Ce sont de grands yeux captivés, des rires francs et joviaux des spectateurs quand apparait le chameau. Autant de petites truffes de mise en scène qui nous tiennent en haleine.

Nous retrouvons le comédien Alexandre Blazy déjà aperçu dans l’excellent Zorba. Nous retrouvons aussi Kevin Garnichat vu dans “Edmond” et aperçu dans le film “J’accuse”. Le reste de la troupe tournoie, la musique et la voix de la chanteuse nous enrobent, nous décentre. Pendant 1h50, on est tout au désert.

Une fresque puissante, divertissante et qui fonctionne grâce à la virtuosité du jeu, au grand talent de cette troupe de huit acteurs !

Il ne fait nul doute que « Lawrence d’Arabie » remportera cet été le cœur du festival d’Avignon 2021, grillons et chaleur en plus.

A voir au théâtre des Halles jusqu’au 30 juillet.

Texte Éric Bouvron et Benjamin Penamaria
Mise en scène Éric Bouvron
Avec Kevin Garnichat, Alexandre Blazy, Matias Chebel, Stefan Godin, Slimane Kacioui, Yoann Parize, Julien Saada, Ludovic Thievon, composition et musique live Julien Gonzales, Raphaël Maillet, Cecilia Meltzer

Crédit photo : A.Vinot

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