Les intrépides- Soirée SACD

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Crédit Photo et visuel: agenceDRC

Théâtre Antoine : le monde du spectacle vivant s’est donné rendez-vous pour la soirée annuelle des Intrépides. Tous répondent ainsi à l’invitation de la SACD qui, pour la 3ème année consécutive, tend le micro pour faire entendre la voix des femmes, trop peu représentées notamment à la tête des lieux de création et de diffusion du spectacle vivant.

Cette année, six auteurs ont accepté de se plier à l’exercice de la commande de textes courts sur le thème du courage. C’en est déjà un que de se lever pour monter ainsi face au public quand on sait que toutes ne sont pas des habituées du plateau (chapeau bas !). Chaque auteur a fait sien ce thème, le traitant sous des angles différents. Tour de piste :

“J’aurais préféré avoir un flingue” (Julie Gilbert) : dans un texte très actuel, Julie Gilbert aborde le thème de l’entreprise et des héros du quotidien, refusant de se faire happer par la logique du chiffre d’affaire et qui se dressent pour leurs valeurs. Dans un thème rappelant le très bon livre de Delphine De Vigan (« les heures souterraines »), Julie Gilbert évoque alors les pressions, les mises à l’écart, l’insidieux et le vil rouage de l’humiliation constante au travail en attente du glas de la faute professionnelle.

“Brisures” (Sandrine Masson) : « on y arrive pas toute seule dans la vie, maman !” C’est un appel d’une fille à une mère, le clan des entités face au clan des brisés. Des brisées touchantes, titubantes, parlant trop fort, trop juste, inconvenantes. C’est le courage de rester avec ceux qui ont besoin de nous, ceux qui nous ont blessé en faisant pourtant de leur mieux. C’est une forme de résilience et d’amour inconditionné ; qui demande bien du courage.

“Phare” (Céline Delbecq) : c’est le courage face à la violence conjugale, la violence physique qui engloutit tout, comme les vagues qui s’écrasent sur le phare coupé du monde. Un récit en tourbillon, dur et tranchant.

“Pistes” (Penda Diouf) : c’est une sorte de désobéissance face à la peur, un inconnu qui appelle et que Penda Diouf décide d’étreindre. C’est le courage de ne pas se résigner, de chercher ses racines, d’être une femme noire et d’oser se présenter seule à l’étranger, entière. C’est aussi le courage de dire tout haut ce qui méconnu, de parler du premier génocide perpétré par les allemands en Namibie (1904).

“Le courage” (Emma la clown) : dans un sketch structuré et drôle à la fois, Emma nous démontre l’évolution du courage à travers la société de la lutte contre le mammouth à la lutte contre l’indifférence de la rue. C’est le courage d’aller vers l’autre, l’inaperçu rendu visible par le rire, une prise de conscience par l’humour qui restera bien en tête.

“La scène” (Camille Laurens) : c’est la survie des gens qui se lèvent péniblement le matin, ankylosés par des peurs tapies en eux. C’est ceux qu’on n’écoute pas, qu’on ne voit pas, qui se cachent et qui sont là pourtant, debout. Les femmes qui encaissent les incivilités, les regards de travers, les remarques et qui préfèrent ne plus bouger pour se fondre dans le décors. Un texte incisif qui dit le courage d’avouer sa peur et sa détresse.

Le courage est partout, dans le actes du quotidien, les dilemmes professionnels, les choix de vie et de combats mais partout il demande de la valeur et de l’humanité. Une belle leçon ! Espérons que cette soirée participe à faire bouger les lignes et que l’écho du message sera entendu plus haut pour amener la parité là où les chiffres sont sans pitié!

Organisée par la SACD (société des auteurs et compositeurs dramatique), le spectacle des Intrépides sera présenté au Conservatoire d’Avignon le 17 juillet.

Les textes des Intrépides de : Céline Delbecq, Emma la Clown, Penda Diouf, Julie Gilbert, Camille Laurens et Sandie Masson sont publiés par l’Avant-scène théâtre.

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