Louise au Parapluie- Théâtre du Gymnase-Marie Bell

Sur scène, une cuisine vintage et deux personnages réunis autour d’une tarte aux prunes. Louise et son fils. Lui est fagoté d’un horrible survêtement rouge dont les étiquettes pendouillent. Elle le regarde incrédule et blasée.

Au début j’ai pris peur : cette première scène de “ménage” tire un constat sur les défauts de notre temps, la course à l’influence sur les réseaux sociaux et tous les maux modernes de la génération dont je fais partie sont passés en revue par cette mère qui prend le chou à son fils et se désole de son job d’influenceur. Mais passée cette introduction un peu lourde (quoi que juste…), une autre pièce débute, qui raconte avec une infinie bienveillance le réveil d’une femme à la reconquête de sa liberté, de ses convictions et de la fierté dans le regard de son fils. À ce moment là, la Myriam Boyer que je connais, que j’admire et que je suis d’une pièce à l’autre depuis quelques années prend vie. Elle donne à son personnage de Louise, ouvrière dans une usine de parapluie, une force et une sensibilité qui éveille chez le spectateur un sentiment de complicité et de tendresse. On voudrait tous, sans exception, que la Louise au parapluie réussisse son entreprise, se fasse élire maire de sa ville pour faire changer les choses et entraîne à sa suite tout son entourage dans une quête du mieux.

On croit à ce personnage car Louise incarne le “looser” qui sur l’espace de la scène pourrait réussir là où il échouerait dans la vraie vie. Il y a aussi de ça dans les rôles de Myriam Boyer : un fond d’humanité sincère, une amitié pour les outsiders, les laissés pour compte, les invisibles. Elle leur donne corps et voix- et donc légitimité. De plus, Myriam Boyer a le tempérament d’une femme qui met ses camarades acteurs en avant. Guillaume Viry dans le rôle du fils me laissait au début assez dubitative. Mais avec l’exigence que l’on sent dans son jeu, Myriam Boyer porte ses complices à montrer ce qu’ils savent faire. La pièce prend alors plus de force. On sent une équipe, un équilibre autour d’elle se crée et le niveau en devient plus égal au fur et à mesure que la pièce se déroule.

Je suis ressortie avec le chatouillis d’une émotion et le sentiment d’avoir vécu un moment de qualité, de présence et de douce nostalgie. Puisse Myriam Boyer nous donner encore longtemps cette satisfaction et mettre d’autres jeunes acteurs sur la voie de la réussite !

Un moment de comédie humaniste et généreux que je recommande.

 

Crédit Photo : DR (couverture) et Jeremy Mathur (article)

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