Max- Théâtre du Rond-Point

Tiens… Encore un homme nu en entrée de scène ! Passons…

Retrouvé mort en 1925 avec sa compagne qu’il entraine dans son suicide, la première star internationale du 7eme art Max Linder (1883-1925) disparait ensuite dans l’oubli. C’est à cette injustice de gloire planétaire tombée dans une tragique dépression que Stéphane Olivier Bisson décide de s’attaquer, signant le texte et la mise en scène et offrant le rôle de “Max” au sociétaire de la Comédie-Française Jérémy Lopez, dont le talent n’est plus à présenter.

La ressemblance de l’acteur avec Max est assez frappante, son jeu dynamique et incarné figure cette silhouette fantôme qui s’agite en vain et que le metteur en scène a voulu créer. Seul sur une scène évidée, Jérémy Lopez se donne du mal pour figurer la star du cinéma muet qui inspira le (resté) célèbre Charlie Chaplin dans sa jaquette, gants « beurre frais »,chaussures vernies et haut de forme. Les deux fentes dans, le panneau du fond sont comme les interstices des barreaux d’une cage et lui le prisonnier qui tourne en rond sur son sort comme Sisyphe roule son rocher. Le tourment est constant, physique.

Bon. Le problème demeure : on peut être un grand acteur et ne pas avoir le texte le plus intéressant à dire…

Comment s’en sortir alors ? Car le texte est beaucoup trop long pour l’exercice du seul en scène. Le personnage est tour à tour hagard, paumé, exalté, neurasthénique, joyeux. Pendant une heure et demie des scènes décousues s’enchaînent passant de la carrière de Max à ses démons, de son amour à sa fille et le jeu en dents de scie de Jérémy Lopez peine à maintenir le rythme. On sent qu’il se débat avec le texte, tente de tout rendre intéressant en changeant de rythme alors que se succèdent les bonnes et les mauvaises scènes. Tout est trop haché, on maintient difficilement une attention soutenue tant l’écriture oscille entre récit et introspection emphatique de manière non chronologique.

C’est décidément trop long et Stéphane Olivier Bisson a vu trop grand … En gagnant en simplicité, le texte aurait pu s’incarner plus simplement sur scène, en nous demandant à tous, acteur et spectateurs, un moindre effort pour écouter cette histoire qui très certainement gagne à être racontée…

Crédit photo : Giovanni Cittadinicesi
Article : Bénédicte Six

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