Adaptée de la pièce espagnole El Electo, « Par le bout du nez » est le fruit de l’écriture de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, le duo d’auteurs déjà adoubé par le grand succès de leur pièce « le Prénom ».
C’est d’ailleurs par confiance en ce succès que j’ai remis le couvert, intriguée par une pièce dont l’histoire me semblait pour le moins invraisemblable.
Fraîchement élu et se préparant à faire son discours d’investiture, le président de la République a un souci : il est pris de démangeaisons nasales à chaque fois qu’il essaie de réviser son discours. En urgence, une séance avec la star des psychiatres est organisée dans ce qui semble être le palais de l’Elysée. Nullement impressionné, le docteur prendra son temps pour amadouer un patient pour le moins rétif… Jusqu’à le mener par le bout du nez !
Le président résiste au début si bien que le spy expérimenté et plus pragmatique usera de quelques stratagèmes peu orthodoxes pour l’amener à collaborer et mettre le doigt sur son blocage. C’est là toute la saveur et l’intérêt de ce face à face : la réunion de deux fortes personnalités pour résoudre un cas clinique incongru dans un temps limité.
Humour grinçant et texte bien ficelé, cette pièce ne serait rien sans ses deux interprètes : d’un côté François Berléand, habitué aux planches des théâtres privés et de l’autre François-Xavier Demaison plus connu pour ses one-man show et ses rôles à l’écran. Tous les deux reconnus dans des registres différents et chacun « tête d’affiche » dans son genre de prédilection. En somme : une réunion inattendue. Mais les deux acteurs parviennent à créer un agréable duo, fort d’une complicité qui marche et se transmet au public.
On s’amuse de voir ce président loufoque aux drôles de grimaces et ce vieux loup qui semble fort s’amuser et a plus d’un tour dans son sac pour piéger son patient et le forcer à coopérer.
L’histoire est originale et malgré des passages à vide, le pari de faire de la psychanalyse une comédie est relevé. La mise en scène assez plate n’est pas si importante après tout car on se fraye petit à petit dans un monde d’analyse et du surmoi. Les dialogues questionnent nos blessures d’enfance, notre héritage familial, la peur de l’échec et du ridicule, l’acte de grandir, la confiance accordée d’un homme à un autre. Et surtout : ils déclenchent les rires !
Au bout du compte : qui du psy, du président ou de nous fait finalement son analyse ? On se divertit en frôlant des moments parfois tendres, parfois plus intimes ou d’autres plus satiriques lorsque les attitudes dudit président nous rappellent subtilement le nôtre.
Une comédie qui tient parole et pas dénuée d’esprit. Appréciable !