Soeurs (Marina & Audrey)- Théâtre des Bouffes du Nord

On me l’a dit, je l’ai entendu dire, je l’ai lu : « va voir Sœurs, c’est génial ! » et ma curiosité piquée m’a portée jusqu’aux Bouffes du Nord pour l’une des dernières représentations du spectacle de Pascal Rambert avec Marina Hands et Audrey Bonnet. Et j’ai détesté. Ou je suis totalement passée à côté, où ce théâtre n’est absolument pas pour moi.

Des cris, des paroles brutales, violentes, une confrontation d’1h30 sans même le répit de l’interlude musical, agressif par son volume. Deux femmes, deux sœurs, s’affrontant à l’occasion de la mort de leur mère et qui ne se laissent rien passer.

Le théâtre s’il n’incarne pas et se contente d’exposer se trouve vidé de sa puissance. Dire « je suis en colère » en hurlant, montrer sa rage en bousculant son partenaire de jeu ne sont pas pour moi des manières efficaces de dire et incarner la violence. Mille nuances étaient possibles : un silence, un regard, une intonation, une phrase. Il y avait mille manières d’utiliser le texte et la scène, mille manières d’aborder ces thèmes de la perte d’un proche, de la haine sororale, des non-dits etc. tout en étant percutant.

Ce théâtre sans justesse de texte, sans finesse de jeu est aussi sous-estimer le public. Le spectateur est intelligent et n’a pas besoin de cette surenchère de cris et de déchirements. Il n’y a rien d’agréable ou de constructif à se sentir coincé pendant tout le spectacle et se sentir bon pour une bonne migraine en rentrant… Les textes forts en mots sont ceux qui bottent en touche, avec bien plus en profondeur que cette démonstration-là !

Aussi, même si la démarche et le propos sont clairs, tout manque ici son but…Autant d’expédients scéniques qui ne racontent rien en profondeur et se contentent d’exposer au spectateur un cynisme immense et très peu de foi en l’homme n’est rien d’autre que belliqueux. Ce théâtre contemporain me semble bien désincarné- on est très très loin la beauté de la tragédie classique …

Mille fois Ludmila Mikaël dans « Skorpios au loin », que j’ai à l’inverse adoré, plutôt que Marina dans « Sœurs ». En même temps, rien dans mon expérience personnelle n’aurait pu me permettre de tisser un lien avec cette fiction. Nous dirons donc que je n’y ai rien compris. Sans rancune mais très peu pour moi!

Crédit photo: Bénédicte Six

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