C’est avec beaucoup de curiosité que j’ai pris ma place pour ce curieux spectacle que proposait dans sa programmation (toujours bien fournie) le théâtre du Rond-Point. Déjà séduite par l’excellent « Chagrin d’école » adapté et interprété au Studio de la Comédie-Française par Laurent Natrella, je me réjouissais de les retrouver ensemble sur scène pour donner vie à la BD de Daniel Pennac et Florence Cestac, « Un amour exemplaire ».
L’histoire est simple : un jeune garçon de huit ans, Daniel Pennac lui-même, rencontre un drôle de couple énamouré et solide pour lequel il se prend d’une passion toute enfantine. Germaine et Jean n’étaient pas destinés à être ensemble mais filent droit dans la vie, oisivement heureux et obstinément fantaisistes. Le garçonnet trouve alors le moyen d’entrer chez eux pour mieux les observer et nous raconte ses découvertes.
Sur le plateau, c’est l’auteur lui-même qui donne le « la ». Tantôt Laurent Natrella et Marie-Elisabeth Cornet incarnent Jean et Germaine lorsque Daniel Pennac leur lance une scène tantôt le récit s’accompagne des croquis réalisés en direct par Florence Cestac, installée de dos. Tantôt encore intervient Pako Ioffredo qui multiplie des petits rôles avec drôlerie et fait rentrer une dimension plus théâtrale dans le récit.
Daniel Pennac semble prendre un plaisir véritable à raconter son histoire à la salle. L’œil et la voix pleins de malice, il est étonnamment à l’aise dans cet exercice scénique. Par moment pourtant, s’installe quelque chose de lent, notamment lors des interludes de dessin où tous sur scène regardent la dessinatrice à l’œuvre. Et le message est là aussi : prendre son temps et ne pas mâcher son plaisir.
C’est une jolie histoire dans laquelle nous nous retrouvons embarqués avec une langueur exquise. Poésie et beauté des choses simples y affleurent. Une madeleine de Proust généreusement partagée avec nous !
Crédit photo: Giovanni Cittadini Cesi