Bluffant ! Sur scène, trois comédiens se partagent le plateau. La voix omnisciente du narrateur, le chien loup et l’homme emmitouflé et taiseux (Pierre-Louis Calixte, Alexandre Pavloff et Nâzim Boudjenah). L’homme voyage seul et souhaite regagner en fin de journée le campement de ses amis. « C’est vrai qu’il fait froid ! ». C’est son premier hiver, la froidure de l’environnement le surprend : il fait 50 degrés en dessous de zéro et la glace cède soudain sous son poids. S’enclenche alors une course contre le gel qu’il ne gagnera pas car il n’a pas écouté les conseils des anciens en décidant de partir seul. Le chien, sentant la mort, l’abandonnera pour rechercher la chaleur d’un autre feu d’homme.
Le metteur en scène Marc Lainé réussit le pari de propulser l’univers du grand froid polaire de London sur la scène du Studio. A l’aide d’un étrange dispositif de vidéo visible sur scène, Marc Lainé crée une immersion en projetant en alternance des images agrandies de maquettes et des cadres resserrés sur la tête de l’homme qui avance. Dans ces plans, Nazim Boudjenah fait preuve de beaucoup de précision dans les mouvements pour rendre les effets plus saisissants sur l’écran. Le visage de l’homme sur scène est pourpre, comme brûlé par le froid et sur l’écran, le noir et blanc profond, tacheté comme sur une vieille pellicule, crée un effet de réalisme cruel.
Tout dans cette mise en espace est construit pour rester au plus près du texte de London et pour le faire entendre. Nous assistons à la chute d’un homme, un Prométhée insoucieux de la nature qui l’entoure, nous le voyons perdre sa toute-puissance de créateur par un manque d’instinct fatal.
Pour son originalité et son audace, « Construire un feu » est d’ores et déjà une des belles créations de cette rentrée ! Elle porte avec originalité la voix du conteur sur un espace scénique. A voir !!!
crédit Photo : Vincent Pontet